Mon chien a mordu !

Jamais je n’aurai imaginé écrire un jour un article sur ce sujet en étant impliqué avec mon chien, mais je pense important de partager cette expérience. 

Nous y voilà et on n’aime pas ça ! Aujourd’hui Sam a mordu…

Une morsure profonde et douloureuse.

Sa victime : Pipa, petite beagle âgée de 6 mois qui terminait son cours d’éducation avec moi. Cela a nécessité des soins d’urgence chez le vétérinaire afin de soigner sa plaie ou plutôt son trou.

Pipa sous sédatifs pour les soins

Résultat 6 agrafes pour ma pauvre Pipa.

Une agression qui aurait pu être évitée mais avec des « si » je refais le monde… Je ne préfère pas me repasser inlassablement le film, c’est tellement facile à posteriori de se demander pourquoi je n’ai pas vu le danger ou que je l’ai sous estimé. Je sais ce qui s’est passé et où sont les erreurs, mes erreurs. Je suis humaine, je fais des erreurs. Je ne me déresponsabilise surtout pas, mais m’auto-flagéler n’est pas la solution.

Typique des filles ça… Je blague !

Je préfère vous parler de mon ressenti et non passer tout mon article à analyser pourquoi et comment.

Tout d’abord, j’étais très embêtée par rapport à mon client car ayant été témoin de l’action de Sam, je l’ai un peu dédramatisée car estimée peu importante. Nous étions à distance, il est vrai que cela a été très rapide. Pour faire simple, Guess et Sam étaient dans la voiture le coffre ouvert. Le cours terminé, j’invite Guess à venir car je savais que Sam aurait été irrité par le côté trop joyeux de Pipa, mais les deux chiens viennent. Je demande à Sam de retourner dans la voiture. Au même moment Pipa part en courant en direction de la voiture. La longe a glissé sous le pied de son maître lui échappant. Pipa arrive à la hauteur de Sam et file le long de la voiture, ce dernier lui court après et la mord puis retourne dans la voiture. Sam avait été passablement frustré dans le véhicule, c’est son point faible qui est en court de travail. L’agression a été très rapide, je ne pensais pas qu’il y aurait une telle blessure. Pourtant le maître de Pipa me l’a dit quand nous étions à distance, comme quoi les maîtres connaissent bien leur chien. Tout en avançant, sans courir, sans paniquer et sans répondre aux cries de Pipa par l’affolement,  je disais à mon client « non, quand même ». Comme Pipa criait, je pensais, au vu de son âge, que c’était plutôt la peur suite à l’agression qui la faisait vocaliser exagérément et non une douleur. Les « chiots » hurlent pour stopper une agression. La petite Pipa arrive et file en pleurant entre les jambes de son maître. Là… stupeur !!!! Au niveau du thorax on découvre un gros trou assez pour voir le muscle. C’est un peu un choc pour moi. Je me redresse et voit Sam qui est dans le coffre de la voiture. Je m’adresse à mon client qui reste « choqué » à la vue de la plaie, il y avait de quoi, je vous l’assure.

J’appelle immédiatement le vétérinaire. J’en profite pour remercier le Dr Brevet et son équipe qui ont pris en charge Pipa. Pipa était entre de bonnes mains, me voilà rassurée.

On dit souvent que dans un conflit c’est 50/50 et c’est vrai. Quand c’est son chien on pense 100% de torts. C’est ce qui m’arrive aujourd’hui. Attention, cela ne veut pas dire que je suis en colère envers Sam. Ce qui est fait est fait, je ne peux revenir en arrière. Il est important d’en faire le constat et d’agir en conséquence. Dans un premier temps je pense important d’assumer ma responsabilité. Beaucoup de chiens se font mordre dans des parcs et certains propriétaires disparaissent ou n’assument pas leur responsabilité. C’est un comportement que je ne comprends pas et que je trouve inacceptable. Quand votre chien agresse un autre congénère et que cela nécessite des soins je pense que la première choses à faire est de prendre en charge les soins vétérinaires. C’est votre responsabilité ! Pour info, les chiens sont assurés au même titre que votre responsabilité civile, assurance maison. Il vous suffit de faire une déclaration à l’assurance et vous n’aurez que le franchise à payer. C’est un minimum que vous puissiez faire pour le propriétaire « victime ».

Je peux dire qu’aujourd’hui Pipa a été beaucoup dans mes pensées et m’accompagnera jusqu’au couché et puis demain… Jusqu’à guérison complète. Je suis tellement désolée pour elle, même si elle n’a pas la même façon de penser que moi, ça me fait de la peine d’être en partie à l’origine de sa douleur, de cette épreuve. 

De retour à la maison avec son carcan…

J’espère qu’il n’y aura pas de traumatisme. Nous le saurons vite et je serai là pour l’aider si cela s’avérait être le cas. Mais je préfère positiver en me disant qu’elle ne fera pas de mauvaise association.

Il faut savoir qu’un chien peut mettre 72h à se remettre d’une forte émotion comme la douleur et la peur. Il est conseillé de laisser votre chien tranquille pendant ce laps de temps et de ne pas s’empresser à l’exposer s’il a peur des congénères. Il faut lui laisser le temps de récupérer.

Si j’étais désolée par rapport à mon client et très peinée par rapport à ma petite Pipa , je restais calme par rapport à Sam. J’avais mille suppositions, idées de travail afin que cela ne se reproduise plus. Revenons après la morsure. Comme je vous le disais, Sam était retourné dans le coffre de la voiture qui reste toujours ouvert quand on travaille.

La réaction courante d’un humain serait de disputer, voir de corriger son chien pour cette agression. Tout d’abord, c’est un comportement qu’il faut proscrire car le chien associera votre colère au congénère et se montrera plus agressif  la prochaine fois.

Quand Sam à mordu Pipa, je n’étais pas proche de lui. Il était bien trop tard pour intervenir car il a arrêté de l’agresser et est allé dans la voiture. Je lui avais demandé au préalable. Imaginons que je me mette en colère, Sam pensera que c’est lié au fait qu’il est monté dans la voiture car c’est le dernier comportement qu’il a produit . Le chien ne peut pas comprendre que c’est parce qu’il a mordu. Il est important d’agir « canin » et non « humain ». 

Il est tout aussi important de ne pas garder de rancœur envers votre chien. Sam est passé à autre chose depuis. La colère pourrait aggraver les choses si vous le corrigez ou le punissez pendant plusieurs heures, jours. 

Il aurait été préférable d’anticiper l’agression afin d’interrompre les intentions du chien, après il est trop tard pour qu’il y ait apprentissage. Dans ce cas, l’humain qui corrige son chien passe simplement ses nerfs sur ce dernier et détériore sa relation de confiance avec lui.  

Pour les maîtres, ne pas se mettre en colère, ne pas en vouloir à son chien, c’est ce qui peut être le plus dur. 

Maintenant que je sais que Sam est capable de ne pas contrôler sa morsure, j’ai décidé de faire une habituation à la muselière.

Muselière baskerville afin que le chien puisse ouvrir le gueule et boire. Cette dernière est tartinée de pâté de foie afin de familiariser Sam à ce nouvel outil.

L’idée première est de protéger les autres chiens afin que cela n’arrive plus. Quand un chien commence à mordre, il peut rapidement comprendre que cela est plus rapide. Il est probable que la prochaine fois, il prenne ce raccourci. J’ai dit probable, ce n’est pas une certitude. Par exemple si un chien a peur des humains et qu’un individu insiste pour le caresser, le chien peut mordre par peur  pour mettre à distance la main qui approche.

Source google

Pour lui c’est un « MONSTRE » Il a peur, insister le forcera à trouver une solution. Il peut fuir, se figer ou mordre. Paf ! Un apprentissage.

Il est fortement probable que la prochaine main qui insiste sera mordue car le chien comprend qu’ainsi il tient l’humain à distance.

Facile et efficace !

Sam en grandissant est devenu moins joueur avec les congénères. Il les tolère mais il faut qu’ils se tiennent à une certaine distance de lui. Quand un chien lui fonce dessus pour jouer, Sam réagit en lui courant après afin de le mettre à distance.

Certains élèves sont comme Sam, chacun s’ignore tout en explorant l’environnement. J’étais habituée à ce comportement chez Sam. Quand il courait derrière un chien je le rappelais et il faisait immédiatement demi-tour. Je n’en demandais pas plus et j’étais loin d’imaginer une morsure.

Son essentiel est Guess.

Sam et Guess

Elle peut lui faire n’importe quoi.

Lui piquer la balle par exemple…

D’ailleurs quand elle rentre du travail avec moi, elle a le droit à une belle fête de Sam.

Sam aime explorer l’environnement et courir avec Guess ou avec moi.

Il aime son petit groupe social humains et congénères, le reste est ignoré ou mis à distance.

Sam est ainsi, je le respecte et ne souhaite rien changé. Nous l’aimons comme il est.

Le soir même nous avons débuté l’entrainement du port de la muselière. Ce n’est pas une punition, l’idée dans le protocole d’entraînement sera que Sam trouve une autre réponse que la morsure.

L’acceptation de la muselière est très rapide si le chien est motivé, si on respecte son rythme d’apprentissage sans le forcer.

Mon critère final sera que Sam rentre son museau volontairement dans la muselière et accepte de la porter.

Comme m’a écrit la maîtresse de Kara «Mieux vaut une muselière un temps qu’une vie sans copain ».

Me voilà à la place de mes clients qui ont des chiens réactifs congénères. Je pense à eux…En cours, je dois faire face à beaucoup de résistances. Les maîtres ont du mal à accepter les comportements agressifs de leur compagnon. Tout d’abord c’est un comportement normal, le chien aboie, gronde, grogne et mord… C’est sa communication. Il est vrai que dans le monde humain, nos chiens doivent aimer les femmes, enfants, hommes, être joueur avec les congénères, être obéissant, aimer les câlins, aimer les autres espèces etc… La liste est longue !

Quand parfois on tombe sur un chien qui a des difficultés, les gens restent bloqués sur le « pourquoi » ? Ils ne veulent pas de ce type de comportement, mais il faut bien faire avec. On ne va mettre une annonce sur le boncoin… Quoique certains le font bien.. ou pire…

Je n’aime pas tout le monde. Je ne suis pas pote avec tout le monde et si quelqu’un me bouscule ou me met une tape dans le dos, même amicale je ne suis pas certaine d’être souriante mais plutôt demander à la personne de se calmer avant de s’en prendre une (enfin presque). J’ai arrêté de taper les gens. Ma rééducation a bien fonctionné.

J’ai publié le jour même sur les réseaux sociaux l’agression, en partageant l’entraînement de la muselière de Sam.

Voici quelques réactions :

« mais cela est pour toujours? Ou juste un temps qu il se pose et se gère mieux? »

« c’est bien triste de voir cela mais je pense que c’est pour sont bien 😟 »

« Je comprends aussi mais c’est triste à voir 😩 »

« Bichette…. Tendres pensées à Sam et Pippa… ♥️ »

 « Pourquoi est il devenu mechant? »

« On se met vraiment à votre place, Marlène, nous compatissons. Un chien reste un animal, tout bien éduqué qu’il soit ! Caresses à Sam, qui va s’adapter à ce nouveau gadget…et pensons aussi à cette petite Pipa ♥️ »

« On dirait hannibal lecter 😪😪 »

« c’est un visage très triste 😢😢 »

« ca me fait mal au coeur quand même mais je comprend »

« Oh choupinet !!! »

« Je ne trouve pas ça triste. Mieux vaut une muselière un temps qu’une vie sans copain 😊 on a fait ce choix aussi pour kara et ça nous a bien aidé. Je lui ai mis 3 fois lors de rencontre avec des copains plus petit qu’elle, femelles et fofolle. Au lieu d’aller à la bagarre à cause d’une rencontre un peu trop rapide et brutale et ba kara s’est approché apaisée. Je la garde toujours sous le coude car mieux vaut des rencontres muselées qu’une vie loin des congénères. Marlène je suis à 1000% d’accord : la muselière va lui apprendre à faire un autre choix que la morsure. Bon travail à vous 2 😉 »

« Merci de continuer à nous montrer comment réagir, protéger les autres sans abandonner, délaisser ou maltraiter son compagnon et que, quand la situation le nécessite, il existe des solutions :). Des caresses à Sam et Pipa de nous trois »

« Bon rétablissement à Pippa, bientôt ce sera qu un lointain souvenir… Tendres caresses a Pippa et Sam.. ❣️ »

« Bon rétablissement Pipa ❤️caresses sans oublié petit Sam ❤️ »

Sam met son chapeau pour sortir !

Quand Sam sortira avec sa muselière je sais que les gens n’auront plus le même regard sur lui. Il est muselé, c’est un chien méchant.

Paf ! Une étiquette.

Je crois que c’est cette stigmatisation, ce regard qui est difficile à supporter parfois pour mes clients. J’ai eu des clients qui sortaient tard le soir pour ne croiser personne, pour ne pas gêner les autres où à l’aube. Parfois en pleurs… C’est bien l’idée qu’on s’en fait qui fait la différence et si je pense ainsi, Sam ne l’acceptera jamais.

Le fait que j’entraîne Sam à la muselière ne me gêne en rien, c’est comme sortir avec un chapeau. De plus, les propriétaires de chiens feront attention à Sam et son chapeau. C’est toujours impressionnant un chien muselé.

Dans mon métier je constate que certains maîtres libèrent leur chien et laisse faire tous les comportements possibles. Je pense important de vous dire que lorsque vous libérez votre chien, votre première pensée est de dire « si je dois le rappeler, est-ce que je suis sûr à 100% de mon rappel » dans le cas contraire, ne le libérez pas. Hélas vous êtes bien trop nombreux à libérer votre chien pensant qu’ il est gentil et que tout ira bien. Avez-vous pensez qu’il pouvait être dérangeant pour les autres, même s’il est joueur ? Vous l’exposer tôt ou tard à ce qu’un congénère le face à votre place. 

Une idée avait été émise sur les réseau sociaux afin de prévenir les autres. C’était de placer un bandeau autour du collier du chien afin de prévenir qu’il a besoin que l’on respecte sa zone de confort. J’avais trouvé cette idée intéressante mais elle a été peu suivie. 

Sam bébé…

Pour terminer, quand on adopte un chien, on imagine le chien parfait. Quand on prend un deuxième chien on imagine retrouver les mêmes choses qu’avec le premier. Chaque individu est cependant différent et il faut s’avoir accepter notre chien comme il est, sans lui en faire le reproche s’il ne répond pas pleinement à nos attentes.

J’aime Sam tout aussi fort que Guess. Je l’aime avec ses qualités et ses défauts. J’apprends encore au travers de lui et s’il a des difficultés avec les congénères, nous allons nous adapter sans le stigmatiser.

Je sais qu’il y arrivera et quand bien même, je l’aime comme il est « parfait avec des défauts ».