Un week-end à la SPA

Un week-end à la SPA riche en émotions… 

À l’occasion de la journée mondiale des animaux, le refuge de Brignais a organisé une grande fête autour de l’adoption les 5 et 6 Octobre. Des associations, des professionnels du monde animal, des comportementalistes canins et des futurs potentiels adoptants se sont retrouvés autour d’un seul et même but, les animaux. Je me suis tout bonnement incrustée auprès de ma comportementaliste canin préférée, Marlène d’Animacoach, pour l’accompagner. 

Nous voilà donc parties, chargées de matériel en tout genre, friandises, jeux et documentations. Notre rôle, ou tout du moins celui de Marlène et de sa collaboratrice Karine étaient de parler éducation, de conseiller et d’échanger avec les adoptants. Elle est passionnée et passionnante, c’est un peu la dame qui murmurait à l’oreille des chiens. Elle a une expertise et une connaissance de leur langage et de leur comportement qui est assez incroyable. 
Pour ma part, j’avais décidé de réaliser des portraits des boules de poils. Je souhaitais aussi me renseigner sur leurs conditions de vie et de sensibiliser, toi, qui me lit sur la réalité d’un refuge.  

Des regards qui en disent long

Une fois, notre stand installé, nous avons pu, faire un tour à l’intérieur du refuge avant l’ouverture. Le choc… 
Marlène m’avait prévenue, j’étais loin d’imaginer une telle détresse, ma sensibilité a été mise à rude épreuve. Gandhi a dit : « on reconnait le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux ». Force est de constater qu’on les traite très mal. Je me suis sentie totalement révoltée devant cette réalité. 
Mon coeur de chamallow s’est fendu au détour de chaque allée, de chaque cage. Leurs yeux, putain, leurs yeux quoi ! J’ai pris une bonne grosse claque en pleine figure en rentrant dans ce refuge. Des regards de désespoir, qui en disent long sur leur état émotionnel, pas besoin de mots pour traduire ce qu’il expriment tant ils sont expressifs et empreints de tristesse. Un abandon est un réel traumatisme physique et physiologique pour un animal. 

La réalité d’un refuge

Sur les 150 pensionnaires canins, la plupart sont enfermés, seuls, dans des boxs de 5m2 environ, 24h sur 24. Il y a quelques chanceux, qui sont cloisonnés à 2. Leur quotidien est rythmé par la visite des animaliers qui viennent ouvrir l’accès aux boxs extérieurs chaque matin. Il les nourrissent, nettoient leurs cellules et c’est parti pour une journée de folie (sans mauvais jeu de mot). Leur seule occupation : attendre qu’on les emmène loin de ce sinistre endroit et qu’on leur offre une vie pleine d’amour, de caresses, de câlins, de friandises, d’os à mâcher, de balades, de jeux, bref, de leur offrir une vraie vie de chien ! 

Les journées sont longues, très longues. Prisonniers de leurs cellules, certains développent des troubles du comportement et, réellement, il y a de quoi devenir dingue ! Il y en a qui tournent en rond, sans arrêt, dans leur cage. Dans ces cas-là, ils ont « la chance » de prendre l’air, dans un petit parc de détente. « Il y a des chiens qui supportent mieux que d’autres les boxs » selon Gino Bardet, le directeur du refuge. D’autres restent couchés comme résignés face à leur destin, d’autres encore gémissent, couinent, aboient. Leur manière sans filtre d’exprimer toute leur souffrance. Soyons réalistes, aucun chien ne supporte l’enfermement d’un espace restreint de 5m2, H24 ! Cependant, comme me l’a précisée, à très juste titre, le directeur, « la SPA n’est/n’a pas la solution miracle, LA bonne solution serait que les animaux n’y arrivent pas« .

Sans foi ni loi !

Durant ce week-end à la SPA, j’ai été témoin de la connerie humaine qui dépasse l’entendement. Là ou Marlène pleine de sagesse me répondait, on ne sanctionne pas l’ignorance, moi, je bouillonnais intérieurement… La cerise sur le gâteau a été d’être spectatrice d’une situation surréaliste : des nouveaux pensionnaires étaient arrivés tôt ce dimanche matin, d’adorables petits chiots d’à peine 2 mois, une personne s’était présentée pour adopter un de ses petits loulous. La « transaction » touchait à sa fin quand l’animalier se rendit compte que cet adoptant venait d’abandonner son chien le matin même… What the Fuck!!!! 

« Le week-end de la fête des animaux est la période la plus bénéfique en terme d’adoptions mais elle aussi la plus favorable en terme d’abandons. Les gens se disent qu’en abandonnant leur chien pendant la fête des animaux, il aura plus de chance d’être adopté rapidement… » Je suis restée sans voix…
Finalement le chiot est retourné dans sa cage auprès de ses frères et soeurs.

Des solutions ?

Le problème est véritablement en amont. Le chien n’est ni un jouet, ni un produit de consommation qu’on jette à sa guise quand il devient trop vieux, trop bruyant, trop gros ou trop poilus. La liste des motifs d’abandon à 2 balles est longue…
Le proverbe « Qui veut se débarrasser de son chien l’accuse de la rage  » n’a jamais trouvé meilleure illustration. Le chien est un être vivant qui a besoin d’amour, d’éducation et qui est pourvut lui aussi d’une sensibilité. 
Je n’ai pas envie de scander le slogan à la mode #adoptdontshop, à tout va ! Après tout, ce ne sont pas ceux qui achètent qui devraient être pointés du doigt mais bien ceux qui abandonnent. 

Visiblement, toutes les campagnes de pub aussi réussies soient-elles ne sont pas vraiment efficaces. Responsabiliser les gens, établir un permis pour pouvoir « posséder » un chien (peu importe sa race) et mettre en place des séances d’éducation obligatoires, seraient certainement un bon début. 
J’ai découvert une belle initiative française, totalement gratuite ; le moteur de recherche Youcare (Chrome et Firefox). Grâce à ses revenus publicitaires, toutes les 45 recherches, il offre un repas aux animaux des refuges.

Alors, non, ce n’est certainement pas moi, Manue, derrière mon ordi qui vais révolutionner les lois sur la cause animale, on est bien d’accord. Cependant après ce week-end à la SPA, je me dis qu’il n’est pas normal d’assister à un tel spectacle sur lequel le seul fautif est l’humain. 

Je tiens à remercier Marlène d’avoir accepté que je l’accompagne durant ce week-end à la SPA et Gino Bardet, le directeur du refuge qui a eu la gentillesse de prendre le temps de répondre à toutes mes questions.
J’espère que cet article sera utile, peut-être même contribuera-t-il à l’adoption de certains d’entre eux.

Le bilan de ce week-end à la SPA de Brignais concernant les chiens est de 11 adoptions.(dont des départs dans des associations partenaires)

Une fois rentrées chez nous, on a fait des gros câlins à nos loulous et au moins une chose est sûre, nos chiens, eux, ne seront jamais abandonnés…JAMAIS !